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De Siem Reap à Don Khong - Partie 2 : La frontière aux bakchichs

  • Isaure et Augustin
  • 28 févr. 2017
  • 5 min de lecture

Nous arrivons comme prévu à 9h30 à la station de bus. Comme je disais plus haut qu’il faut avoir le temps au Cambodge, le minibus partira seulement vers 11h30-45, après deux heures d’attente et une bonne vingtaine de minutes à essayer de le faire démarrer en le poussant. Nous ne sommes qu’à moitié rassurés de monter dedans mais nous sommes finalement en route, bien serrés puisque nous sommes 13 passagers.


Ayant lu beaucoup d’articles sur la corruption à la frontière et les nombreux bakchichs demandés, nous n’avons réservé notre trajet que jusqu’à la frontière. En effet, si l’on veut avoir une chance de résister, il faut du temps et ne pas être pressés par un quelconque chauffeur de bus.

Notre minibus nous arrête dans un boui-boui juste avant la frontière et commence à distribuer les classiques fiches de renseignement. Un cher monsieur les récupère et demande 40 dollars pour faire le visa. Les touristes sont surpris car le prix du visa est bien de 30 dollars mais deux ont déjà payé. Certains hésitent et se posent des questions. Connaissant cette arnaque du visa à 40 dollars, je dis gentiment aux touristes du bus qu’ils ne sont pas obligés de payer mais qu’ils peuvent aller faire leur visa au poste officiel. Le cambodgien censé récupérer les feuilles s’énervent immédiatement, nous dit que nous n’avons réservé un bus que jusque la frontière, et que nous n’avons qu’à partir, que les autres touristes ne seront pas attendus par le bus s’ils passent au poste officiel et qu’ils perdent trop de temps, que je n’ai pas le droit de parler comme ça, qu’on est dans un pays communiste et que les gens qui parlent trop, on les enferme. Cela nous fait sourire de voir son énervement soudain mais nous décidons de ne pas trop nous attarder au vu des menaces et partons donc vers le poste officiel, suivis par la grande majorité du minibus. Nous sommes tout de même contents d’avoir informé les quelques autres touristes malgré les menaces de notre ami cambodgien.


Nous arrivons au premier guichet pour avoir le tampon de sortie du Cambodge. L’officiel présent nous demande deux dollars pour le tampon. Nous refusons et il nous rend nos passeports quasiment en nous les lançant. Préparés à cela, nous nous mettons sur le côté et attendons sagement. Les touristes passent et payent car ils savent que leur bus ne les attendra pas une éternité et ils ne pensent pas vraiment qu’il est possible de ne pas payer les 2 dollars qui vont directement dans la poche des officiels. Nous retentons notre chance sans grand succès mais nous avons le temps et bizarrement, une fois que la pièce s’est vidée de touristes, notre tentative se solde par un succès. L’officiel nous fait le tampon à contrecœur mais ça y est, nous voilà sortis du Cambodge ! Étape numéro 1 réussie.


Nous marchons 400m pour rejoindre le poste de frontière laotien où nous nous rendons pour faire nos visas. Nous retrouvons nos camarades du minibus à qui nous disons être parvenus à passer sans payer. Nous n’avons pas trop le temps de fanfaronner car voilà que l’on nous demande 1 dollar de plus pour le visa. A nouveau, nous refusons. On nous rend donc nos passeport et démarre donc une deuxième guerre contre les bakchichs. Car encore une fois, ce n’est pas une question de prix mais bien une question de principe. Si tous les touristes payent en fermant les yeux, cela ne cessera jamais. Nous sommes donc bien décidés à camper là s’il le faut, mais à ne pas céder. Cette détermination nous vaudra une attente d’une heure et demie. Nous sommes revenus à la charge à intervalles réguliers, mais rien à faire, l’officiel est aussi têtu que nous. Après avoir mangé devant lui, après avoir campé devant sa cahute en le regardant et lui avoir donné nos passeport un nombre incalculable de fois, il refuse toujours quand miracle, un autre arrive et passe nos passeports au stand suivant. Étape numéro 2 réussie.


Nous avons rallié à notre cause un autre français passant par là pour l’étape numéro 3 : on nous demande cette fois 2 dollars pour le tampon d’entrée au Laos. Comme à notre habitude, nous refusons avec un grand sourire. Nous expliquons alors à l’officiel laotien que nous savons que ce n’est pas officiel, et que c’est illégal, que nous avons le temps, et que nous ne payerons pas. Nous nous plantons devant la cahute et attendons. Rien n’y fait, il refuse de nous rendre nos passeports et nous dit de retourner au Cambodge. Nous lui répondons que nous allons au Laos et qu’il n’a qu’à nous rendre nos passeports car actuellement, nous ne les avons pas et ne pouvons pas aller au Cambodge. Évidemment il ne nous les rend pas. En fait, ils ont déjà fait le tampon et sont donc bloqués. Malgré tout, ils refusent catégoriquement de nous rendre nos trois passeports. Nous argumentons un long moment, l’autre français annonce qu’il va appeler l’ambassade pour savoir si c’est normal. Ils ne bronchent pas et comme on est dimanche, l’ambassade ne répond pas. Il ne se démonte pas et fait semblant de discuter au téléphone en français puis revient les voir en leur disant que l’ambassade lui a dit que ça n’était pas normal et qu’il ne devait rien payer sans reçu. Rien n’y fait, ils ne veulent pas nous rendre nos passeports. L’un deux nous dit qu’on va nous renvoyer au Cambodge, qu’on n’est pas les bienvenus au Laos. Je lui réponds donc que quelqu’un nous attend avec impatience et qu’il semble plutôt content de notre venue et répète à nouveau que nous ne partirons pas sans avoir nos tampons gratuitement, que nous sommes en vacances, que nous pouvons dormir ici sans souci. L’excuse pour les deux dollars change toutes les 30 secondes, une fois c’est parce qu’on est dimanche et qu’ils travaillent le dimanche, une autre fois c’est pour le tampon, bref, le discours est on ne peut plus confus mais on les sent assez peu à l’aise de nous voir rester devant la cahute. Cela les gêne visiblement. Tout à coup, l’officiel commence à noter mon nom sur un bout de papier et me demande combien j’ai d’argent sur moi. Je lui réponds que nous avons 9 dollars. Pourquoi neuf ? Au pif… Nous avons bien plus mais cela ne le regarde clairement pas. Il me dit alors qu’il faut avoir 1000 dollars pour entrer au Laos car sinon je vais être un poids pour le contribuable. Il me demande alors si j’ai de l’argent sur mon compte en banque, et le nom de ma banque. Je réponds donc que c’est le CIC, il note sur son petit papier sans connaître, évidemment. Nous nous demandons tout de même ce qu’il fait. Il demande à voir ma carte bancaire, nous lui montrons de loin et lui assurons que nous avons de quoi subvenir à nos besoins mais que nous refusons simplement la corruption. Après quelques minutes, il finit par nous appeler, me tendre les passeports et alors que je les prends, il les tient fermement, me regarde et me dit « ce n’est pas de la corruption » avant de les lâcher. Nous voilà avec nos tampons ! Nous aurons mis trois heures mais nous sommes contents d’avoir réussi à passer !


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