Uddami
- Isaure et Augustin
- 10 mars 2017
- 4 min de lecture

A Calcutta, nous avions convenu d'une rencontre avec Uddami une association luttant contre la pauvreté à l'aide d'un programme de 6 mois alliant cours d'informatique, d'anglais et de savoir-être. Nous avons été reçu par Rabia Khatoon, directrice du petit centre d'Uddami au Sud de Calcutta. Cette association, créée en 1999 par l'américaine Alison Sarlcena ne dispose que de très peu de fonds mais offre tout de même une chance aux plus démunis. Les fondateurs ont pris le soin de créer une petite entreprise dans les mêmes locaux que le centre afin de rendre l'association la plus autonome possible. Aujourd'hui néanmoins, l'activité de Oran Software a quelque peu baissé et ne contribue qu'à hauteur de 30% aux frais du centre. Cela permet cependant à l'association de compenser en partie le manque de subventions et de dons dont elle dispose, et si Oran Software ne permet pas à Uddami d'être auto-suffisante, c'est tout de même une source de revenus non négligeable.
Uddami a une phase de recrutement des élèves assez poussée. Il n'y a pas de communication faite dans les quartiers pauvres ou bidonvilles mais le bouche-à-oreille fait qu'Uddami a de nombreuses candidatures pour un nombre de places limité. La politique d'Uddami est d'offrir la chance de pouvoir suivre cette formation aux jeunes qui en ont le plus besoin. Chaque élève a donc une fiche à remplir sur sa situation personnelle et familiale, avec des questions permettant d'évaluer le niveau de vie. Ce questionnaire est complété par une visite du logement de la famille afin de confirmer les dires de l'élève qui passe ensuite un entretien. Il s'agit ainsi de sélectionner les jeunes les plus nécessiteux. Rabia Khatoon nous explique que beaucoup de jeunes aimeraient pouvoir avoir la chance de suivre cette formation gratuitement mais que le nombre de places ne permet pas d'accueillir tout le monde. Avoir le droit d'étudier à Uddami implique donc un certain nombre d'engagements auxquelles il ne faut pas déroger. Les absences à répétition ne sont pas tolérées, le retard non plus. La première chose à enseigner aux élèves concerne la ponctualité nous explique-t-elle. En Inde, arriver 30 minutes en retard est monnaie-courante et afin de préparer le mieux possible les élèves à la vie professionnelle, la ponctualité est un point clé. Ces différentes règles ne sont pas toujours simples à appréhender et il y a un certains nombre d'abandons.

Les élèves ont donc des cours d'informatique leur permettant de maîtriser les bases, de la simple saisie à la maîtrise du pack office en passant par internet. Ils sont ainsi préparés à de nombreux métiers du back office. Ces cours d'informatique sont ponctués d'interrogations toutes les 2h ou 4h de cours et les élèves peuvent venir s'entraîner autant de temps qu'ils veulent. L'objectif est bien de réussir chaque test. S'engager chez Uddami implique de passer ses examens avec minimum 75% de réussite. La formation en informatique dure 6 mois.
A ces cours d'informatique sont associés des cours d'anglais afin à nouveau de disposer des bases. Un professeur d'anglais bengali a ainsi été embauché afin de dispenser une formation continue aux élèves. Le problème soulevé par Rabia est le fait d'avoir un enseignant parlant le bengali, ce qui a pour conséquence un glissement aisé vers une langue qu'ils maîtrisent (le bengali) au lieu de persévérer en anglais dans certains cas. Ce problème pourrait par ailleurs être contourné avec une règle comme dans les centres LP4Y : interdiction de parler une autre langue que l'anglais lorsque l'on est au centre, qu'importe le cours et la situation. Cette règle semble plutôt respectée dans les centres LP4Y, et a le mérite d'encourager à la pratique continue de la langue. Ce cours dure quant à lui 3 mois.
Enfin, des cours leur permettant de se préparer au monde professionnel, d'apprendre à se comporter, etc. sont donnés par une professeure qualifiée. Cette formation a pour but de les accompagner vers l'emploi. Ils ont ainsi des simulations d'entretiens, apprennent à rédiger leurs CVs, etc. Cette formation dure 1 mois et demi.
A ce jour, 37 élèves suivent la formation d'informatique, 21 les cours d'anglais, et 15 les cours de savoir-être. Certains suivent les trois formations en même temps, d'autres font le choix de n'en suivre qu'une ou deux selon leurs besoins.
Tous les élèves ne trouvent néanmoins pas d'emploi après la formation d'Uddami et c'est un point qu'a soulevé Rabia comme étant problématique aujourd'hui. Uddami a du mal à trouver suffisamment d'offres ou à mieux les accompagner vers l'emploi. Leur accompagnement concerne essentiellement la préparation à des entretiens et à feuilleter les petites annonces pour en proposer à des élèves mais, au contraire d'associations comme LP4Y, Uddami n'a pas suffisamment de réseau et n'est peut-être pas suffisamment connue.
De manière générale, Rabia nous a confié avoir un problème de communication. Personne ne s'occupe réellement de communiquer sur les projets, sur la formation ou même sur leurs besoins. Cela donne lieu à plusieurs difficultés majeures :
- le manque de volontaires, recherchés notamment pour les cours d'anglais mais aussi pour d'autres missions diverses et variées
- le manque de fonds qui rend la tâche difficile et ne permet pas non plus d'attirer des volontaires en leur proposant de les héberger par exemple
- le manque de réseau professionnel qui serait à même de permettre à plus de jeunes de trouver un emploi et de faire connaître la formation.
Les besoins d'Uddami sont donc multiples mais à nos yeux, un simple volontaire à même d'améliorer la communication du projet permettrait de résoudre beaucoup de points. Nous avons par exemple simplement soumis l'idée à Rabia de se mettre sur des sites comme TWAM ou Workaway, véritables mines de volontaires cherchant bien souvent ce type de projets. Un travail simple de recherche de ce type de réseaux existants afin d'y inscrire Uddami pourrait déjà permettre de faire connaître le projet et d'amener volontaires et fonds éventuels.
Ainsi, si vous souhaitez faire un don ou si vous êtes intéressés par un volontariat autour d'un beau projet qui dispose de réels axes d'amélioration, n'hésitez pas à aller faire un tour sur le site d'Uddami (http://uddami.org/), sur leur page facebook, ou à nous contacter afin que l'on parle de vous à Rabia qui se fera un plaisir de travailler avec vous.
Nous pensons de plus qu'un travail simple lié à la communication peut être éventuellement fait à distance. N'hésitez donc pas à nous contacter pour que l'on en discute, que l'on vous mette en contacte avec Rabia afin d'approfondir les besoins d'Uddami dans ce domaine !

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