Deux semaines dans un village népalais...
- Isaure et Augustin
- 12 juin 2017
- 4 min de lecture
Après quelques jours à Katmandou, en route pour Besisahar, point de départ du circuit des Annapurnas. Mais pour nous, il n'est pas encore temps de partir explorer cette région magnifique, nous sommes attendus dans un petit village, 600m au dessus de Besisahar, afin d'être volontaires dans l'école de Shamser.

Le premier jour, nous avons découvert l'école et son fonctionnement. Nous avons ainsi découvert l'importante place de la danse dans la culture népalaise. Nous ne pouvons décrire avec des mots ce que nous avons vécu en voyant tous ces enfants arriver à l'école et se mettre à danser dans la cour sur des chansons népalaises, le massif des Annapurnas en arrière plan. Disciplinés, ils viennent naturellement former une dizaine de ligne et dansent avec une joie contagieuse. Ils nous adressent de chaleureux "Good Morning Miss" et "Good Morning Sir" en joignant les mains lorsqu'ils arrivent à l'école. Tout le monde connaît le rituel matinal et après les chansons népalaises, place aux chants en anglais, toujours agrémentés de chorégraphies dansées par tous, de 3 à 10 ans, avec plus ou moins de succès mais toujours de l'entrain ! Je pense que nous garderons longtemps en mémoire ces danses matinales ! Suite à cela, l'hymne national est chanté avec coeur et là encore nous sentons l'investissement de chacun. Ils résonne ainsi avec puissance et nous assistons chaque matin à ce moment difficile à décrire face au massif des Annapurnas. Il se dégage quelque chose lorsque tous se mettent à chanter cet hymne, une véritable décharge d'émotion qui lance la journée !
Quelques questions de culture générale suivent, en anglais, avant de commencer les cours ! Nous avons chacun eu des rôles différents et étions dispatchés dans les classes pour accompagner les enseignants ou donner les cours d'anglais et de maths aux plus anciens. Nous avons aussi organisé des ateliers de sensibilisation au développement durable avec les élèves les plus âgés, très attentifs et enjoués à l'idée d'aller nettoyer le village ou d'apprendre en combien de temps une canette se dégrade. Ce furent pour nous de grands moments d'échanges avec les huit élèves de cette classe et un moyen de mesurer la possibilité de changer les choses dans la gestion des déchets. Car la jeune génération était intéressée et des activités de sensibilisation sont possibles. Le changement viendra d'eux si ces thématiques sont un peu plus abordées... Car aujourd'hui, tout comme en Inde, la terre est une immense décharge.

Nous avons aussi contribué à la construction d'un nouveau bâtiment en portant des pierres, encore des pierres et toujours des pierres...! Puis des tôles, encore des tôles ! Des moments physiques mais sympathiques !
Nous vivions dans le village, chez Shamser avec tous les autres volontaires. Nous avons ainsi pu nous promener dans ce village vivant à son rythme, loin de l'agitation humaine et déconnecté de la mondialisation. Nous allions manger de temps en temps chez une dame du village, et une volontaire - australienne - évoqua un jour Noël. Nous avons alors réalisé combien ce village était préservé de cette mondialisation lorsque nous avons compris qu'elle ne savait pas ce qu'était Noël. Rien de surprenant finalement lorsque l'on sait que ce n'est pas du tout dans la culture nepalaise et que personne dans le village n'a internet. Personne n'est en lien avec le reste du monde. Ils vivent là-haut, sont profondément pauvres mais on le ressent beaucoup moins qu'en ville. Car ils ont un toit, et une activité. Ils cultivent et descendent une fois de temps en temps acheter d'autres vivres au village de la vallée. Pourtant ils vivent dans une pauvreté importante et les enfants souffrent parfois de malnutrition et de manque de soins. Pas de médecin au village, il faut aller dans la vallée pour se faire soigner. Ils ont de quoi se nourrir grâce aux récoltes mais au moindre changement climatique qui compromet la récolte, ils n'ont plus rien. A nouveau, et comme souvent, les pauvres sont les premières victimes du réchauffement climatique. La Terre est nourricière et sans elle, ils n'ont plus de quoi vivre. Néanmoins à l'école, on ne ressent pas cette pauvreté mais plutôt cette simplicité de vie. Les enfants ont des uniformes ce qui gomme la pauvreté visible à la différence de l'Inde. A l'école, une importance capitale est donnée à l'hygiène et les élèves doivent avoir les mains propres. Une vérification est faite tous les matins. Des cours de morale sont dispensés à l'école et c'est lors d'une de ces leçons que l'on a pu entendre les enfants expliquer qu'ils aidaient leurs parents en allant chercher du bois, ou en aidant aux champs.
Nous avons aussi pu participer à une petite fête chez Shamser avec les hommes du village qui aidaient à la construction de l'école et c'est dans ce cadre que nous avons goûté ce qu'ils appellent le vin local. C'est en fait une sorte d'alcool de riz dilué à l'eau. Que dire sinon que c'est probablement la boisson la plus immonde que nous ayons goûtée ? Mais eux buvaient et buvaient, encore et toujours en nous proposant de nous resservir...! Après avoir bien bu, le meilleur ouvrier nous a fait une petite danse népalaise qui restera dans la mémoire de tous les volontaires !
Nous avons vécu deux semaines très fortes à l'école, que ce soit à travers notre travail avec les élèves les plus âgés ou tout simplement chaque matin lorsque la musique retentissait dans ce village et que les élèves heureux, dansaient. Cet endroit est paisible et préservé de la mondialisation. Lorsqu'une volontaire a évoqué Noël alors que nous mangions chez une dame du village et que celle-ci a ouvert de grands yeux, ne sachant ce que c'était, nous avons un peu plus compris qu'ici, on n'est pas "connectés" comme partout ailleurs. Pas internet, pas de télé, la vie y est à la fois simple et compliquée. Car au moindre changement climatique, cette simplicité de vie se transformera en enfer lorsque la terre ne produira plus. Certaines années sont déjà plus difficiles que les autres. Or, la responsabilité de ces gens dans le changement qui s'opère actuellement est quasi-nulle. Et que comme souvent, ce sont ces populations qui sont les premières victimes, alors même qu'elles sont loin de tout, et qu'elles n'ont pas bénéficié de ce développement non durable. Mais elles en subiront et en subissent déjà les conséquences, dans l'ombre...

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